2023-09-28

Cancers gynécologiques : connaître la différence.

Par Dre. Elise Dubuc

Quand on inclut le cancer du sein, environ 2 millions de cancers gynécologiques surgissent chaque année, ce qui représente environ 50% des cancers féminins.

Cancer de l’utérus

Le cancer de l’utérus est le 4e cancer le plus fréquent à être diagnostiqué chez les femmes et il est le cancer de l’appareil reproducteur le plus diagnostiqué. Le risque qu’une femme reçoive un diagnostic de cancer de l’utérus au cours de sa vie est de 1 sur 36. Il est fréquemment diagnostiqué à un stade précoce et la survie à 5 ans est plutôt bonne à 84%. Il est découvert rapidement car il cause des saignements anormaux. Après 40 ans (ou après 35 ans si vous avez des facteurs de risque), si vous avez des saignements utérins anormaux abondants, votre médecin vous conseillera une biopsie de l’endomètre pour analyser le tissu à l’intérieur de l’utérus et diagnostiquer des changements précancéreux et cancéreux. Les facteurs de risque de ce cancer sont le fait de ne pas ovuler de façon chronique qui peut être causé par un syndrome des ovaires polykystiques non traité ou une obésité, le fait d’avoir commencé à avoir des menstruations avant l’âge de 12 ans et une ménopause tardive après 55 ans, le fait de ne pas avoir donné naissance. L’utilisation du Tamoxifene dans le traitement du cancer du sein est également un facteur de risque. Le diabète, l’inactivité physique et certains syndromes génétiques (Syndrome de Lynch, Cowden) sont également des facteurs de risque. La plupart du temps, le traitement de ce cancer implique une hystérectomie (l’ablation de l’utérus), des trompes et des ovaires. Selon le stade de la radiothérapie, de la chimiothérapie ou de l’hormonothérapie peuvent également être proposés.

Cancer de l’ovaire

Environ 2800 femmes recevront un diagnostic de cancer de l’ovaire chaque année au Canada, ce qui en fait le 8e cancer le plus diagnostiqué chez la femme. Il s’agit d’un cancer difficile à diagnostiquer parce que ses symptômes sont plutôt peu spécifiques et peuvent apparaître seulement à un stade avancé de la maladie. C’est ce qui fait du cancer de l’ovaire un cancer particulièrement mortel avec une survie à 5 ans de 44%. Certains cancers de l’ovaire peuvent se produire également à l’enfance, par contre la bonne nouvelle c’est que ces cancers à l’enfance se traitent généralement bien avec une chirurgie de l’ovaire affecté uniquement. Les facteurs de risque pour le cancer de l’ovaire sont un antécédent d’une parente au premier degré (mère, sœur, fille) avec un cancer de l’ovaire, les mutations des gènes BRCA1 et 2 ou le syndrome de Lynch, un antécédent personnel de cancer du sein, de jamais avoir donné naissance, l’endométriose, le tabagisme, l’embonpoint et l’obésité et l’inactivité physique. Certaines facteurs sont protecteurs soit d’avoir pris une contraception hormonale combinée pendant plus de 5 ans diminue de 50% le risque de cancer de l’ovaire et d’avoir eu une salpingectomie bilatérale (une ablation des trompes) car on croit que le précancer épithélial de l’ovaire provient en fait du bout des trompes.

Il n’y a pas de dépistage systématique qui existe pour le cancer de l’ovaire pour les femmes qui ne sont pas connues pour une mutation génétique favorisant ce type de cancer. Les symptômes à surveiller sont un ballonnement, une lourdeur ou une douleur pelvienne et un saignement utérin anormal. Chez les enfants, ce cancer peut se présenter sous forme d’une puberté précoce.

Les femmes avec une mutation génétique connue se feront offrir une surveillance plus étroite et une chirurgie de réduction de risque.

Le cancer du col de l’utérus

Environ 1500 Canadiennes auront un diagnostic de cancer du col par année. De ces femmes 73% seront toujours vivantes 5 ans plus tard. Le cancer du col est plus susceptible de se manifester chez les femmes plus jeunes que le cancer de l’utérus et de l’ovaire. L’âge médian d’une femme au moment du diagnostic est de 47 ans. La vaste majorité des cancers du col de l’utérus sont causés par le virus du papillome humain qui se transmet par relations sexuelles. Malheureusement, même le port du condom ne protège pas de la transmission puisque le virus se trouve dans toute la zone génitale. Heureusement, il s’agit du seul cancer pour lequel des vaccins existent. Des programmes de vaccination existent maintenant partout au Canada et visent à ce que les enfants soient vaccinés avant d’être exposés au virus.

Malgré la vaccination, il faut tout même procéder au dépistage du cancer du col par test de pap ou par recherche du VPH au niveau génital. Si une anomalie au pap est décelée une colposcopie doit être effectuée. Durant cet examen, le ou la gynécologue inspecte le col au microscope et effectue des biopsies ciblées. La vaste majorité du temps, lorsque le dépistage est fait de façon régulière, le cancer du col peut être prévenu et les changements pré-cancéreux traités.

Les femmes qui présentent un cancer du col sont souvent celles qui n’ont pas eu de dépistage pendant de nombreuses années et qui se présentent avec un saignement lors des relations sexuelles, entre les menstruations ou après la ménopause.

Si le cancer du col est détecté à un stade précoce une chirurgie peut être pratiquée pour le traiter. Dans les cas de cancer plus avancé, un traitement combiné de chimiothérapie et de radiothérapie sera proposé.

Cancer du vagin et de la vulve

Les cancers du vagin et de la vulve sont plus rares et se produisent chez les femmes plus âgées. Ils sont généralement causés par le virus du papillome humain, comme le cancer du col. Il n’existe pas de dépistage, par contre si une lésion ou un ulcère est noté au niveau de la vulve, il est important d’en discuter avec votre professionnel de la santé. Les femmes qui sont affectées par le lichen scléreux, une maladie de la peau de la vulve sont plus à risque de développer un cancer de la vulve et doivent avoir un suivi régulier pour cette maladie. Tout saignement après la ménopause doit également être évalué par un examen gynécologique. Les cancers de la vulve ou du vagin à un stade précoce peuvent être traités par chirurgie tandis que les cancers à un stade avancé seront traités par une combinaison de chimio et de radiothérapie.

Ce que vous pouvez faire pour réduire votre risque de cancer gynécologique

  • Faites-vous vacciner contre le VPH.
  • Faites vos examens gynécologiques de dépistage régulièrement.
  • Ayez un point santé et soyez active physiquement.
  • N’attendez pas pour consulter si vous avez saignements utérins anormaux abondants, intermenstruels, après les relations sexuelles ou après la ménopause ou si vous notez une lésion sur votre vulve.