2023-09-28

Ménopause : C’est plus que des bouffées de chaleur.

Par Dre. Elise Dubuc

La définition de la ménopause est un arrêt de plus d’un an des menstruations. Elle se produit lorsque les ovaires ne produisent plus d’ovulation. L’âge moyen de la ménopause est de 52 ans. La période qui précède la ménopause est souvent appelée la périménopause et se caractérise par une fluctuation importante des niveaux hormonaux, une diminution de la fréquence des ovulations qui cause des menstruations irrégulières qui peuvent également être abondantes et prolongées.

Dans la période de périménopause et de ménopause, les bouffées de chaleur peuvent rendre la vie des femmes très difficiles. Jusqu’à 80% des femmes vont vivre ces symptômes vaso-moteurs et pour 20% d’entre elles ce sera jusqu’à 20 à 30 épisodes par jour. Ces bouffées de chaleur sont parfois précédées d’anxiété ou de palpitations. Les symptômes vaso-moteurs vont persister en moyenne 7,4 ans. Le traitement le plus efficace des symptômes vaso-moteurs est l’hormonothérapie substitutive. L’option la plus sécuritaire est une hormonothérapie bio identique (c’est-à-dire avec des molécules qui ont la même composante chimique que les hormones produites de façon endogène par les ovaires). L’hormonothérapie peut être débutée de façon sécuritaire chez les femmes de moins de 60 ans ou qui sont à moins de 10 ans post-ménopause. Pour les femmes qui ont un utérus, on privilégie les oestrogènes par voie transdermique pour réduire les risques de thrombo-embolie veineuse (des caillots dans les jambes, les poumons ou le cerveau) avec de la progestérone micronisée avant le sommeil. Pour les femmes n’ayant pas ou plus d’utérus, on peut omettre la progestérone. Les contre-indications à l’hormonothérapie sont un antécédent de thrombo-embolie, un AVC, un cancer hormonodépendant (tel qu’un cancer du sein, de l’endomètre ou de l’ovaire), une maladie coronarienne, une maladie du foie active, un saignement vaginal anormal non diagnostiqué ou une grossesse connue ou suspectée.

La décision de débuter une hormonothérapie doit être prise en commun avec votre professionnel de la santé et doit être individualisée selon vos symptômes et leur impact sur votre qualité de vie.

La période de périménopause en est une de vulnérabilité pour le développement de symptômes dépressifs et d’épisodes dépressifs majeurs, même chez les femmes sans historique de dépression. Les options thérapeutiques pour la dépression à toutes les étapes de la vie restent la première ligne de traitement soit la thérapie cognitivo-comportementale et les anti-dépresseurs. Chez les femmes en périménopause, une hormonothérapie peut avoir une efficacité similaire aux anti-dépresseurs.

Les troubles du sommeil sont très fréquents à la ménopause. Ils peuvent être causés par les bouffées de chaleur ou en être indépendants. Dans les cas où le trouble du sommeil est causé par les bouffées de chaleur, l’hormonothérapie règle habituellement le problème. S’ils sont indépendants, l’hygiène du sommeil doit être évaluée. Nous recommandons l’exercice aérobique et l’exposition à la lumière naturelle durant la journée, cesser les écrans deux heures avant le sommeil et de se créer une routine pré sommeil. Si le sommeil ne vient pas après 30 minutes, il est préférable de sortir du lit et de faire une activité calme comme de la lecture. La chambre doit être un espace pour le sommeil et les relations sexuelles uniquement. Plusieurs thérapies sont efficaces pour les troubles du sommeil telles que l’eszopiclone, la venlafaxine (un anti-dépresseur) et les produits naturels l’actée à grappes noires et la valériane.

Les autres symptômes communs de la ménopause peuvent inclure des troubles de la mémoire et des difficultés de concentration, des douleurs articulaires, de la sécheresse vaginale et des problématiques urogénitales et sexuelles.

La sécheresse vaginale et les inconforts aux relations sexuelles répondent très bien à une thérapie d’oestrogènes locaux au niveau vaginal. Le traitement local n’entraîne aucun risque et n’a aucune contre-indication. On peut donner les oestrogènes locaux sous forme de comprimés, de crème ou d’anneau vaginal. Pour les femmes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser d’oestrogènes locaux, un traitement de laser ou de radio-fréquence vaginal peut être tenté.